Muse @ Stade de France (12/06)

Il est environ 17h quand je sors du RER B juste devant le Stade de France.
N'ayant jamais fait de concert en stade, et encore moins celui là, c'est une grande première pour moi, et en descendant la passerelle du RER aux portes de sortie, l'impressionnante silhouette du stade se découpe déjà devant moi. Je suis loin d'être la seule à admirer la vue, car le concert commençant dans peu de temps, pas mal de gens sont déjà rassemblés dans la rue, ou bien aux buvettes sur les côtés qui diffusent les titres de The Resistance pour l'occasion. Ce qui me choque d'emblée, c'est la variété de fan présents. De 10 à 50 ans, beaucoup de gens on fait le déplacement pour voir Muse ce soir.

J'avance vers le point de rendez-vous donné à ceux qui feront les "protesters" à savoir la porte J quand, première surprise, on me donne un flyer pour le concert de Green Day le 26 Juin, ce qui me fait pas mal marrer intérieurement, et deuxième surprise, j'entends "NEM!". Je me retourne donc pour faire la connaissance IRL d'un forumheur, à savoir Tom51 à qui je fais la bise et parle pendant 5 petites minutes avant de filer retrouver Alex qui m'attends déjà avec Clem avec qui je fais rapidement connaissance autour d'un Red Bull chargé. La chance voudra que je croise aussi rapidement Adrien avec qui j'étais à San Francisco. Bref, après un rapide et bienheureux torpillage de bouteille, nous voilà prêts à rentrer au sein du Stade de France. D'abord on nous donne un genre de pack backstage que nous garderons en main à peine 2 minutes avant de se faire fouiller et l'échanger contre un bracelet orange fluo. Encore un peu d'attente et de déconnade et nous rentrons dans le Stade de France par ce qui semble être en fait un genre d'escalier de secours qui tourne, tourne et tourne beaucoup... Un couloir et un autre escalier plus tard, on nous lâche dans une grande salle où le groupe de protesters, composé d'une cinquantaine de personne s'installe sur des chaises. On nous explique comment tout va se passer et on nous fait signer des papiers autorisant Muse à utiliser notre image pour le DVD! Un peu plus tard arriveront nos costumes, à savoir des tish rouge et noir des bandanas, cagoules et masque d'infirmiers. Tout ceci est repartis entre nous tous et le groupe entier est désormais prêt pour aller faire une manif devant la scène. Sauf que voilà, il y a encore une bonne grosse heure à tuer avant cela. Alors on s'occupe comme on peut, en évitant de penser qu'à quelques mètres au dessus, Kasabian et les White Lies ouvrent la fête. D'ailleurs, la partie du stade où nous étions étant bien insonorisée, on entend absolument rien du concert, sauf en allant aux toilettes, ce qu'Alex ne manquera pas de faire à de (très) multiples reprises.

On est tous moitié endormis quand quelqu'un débarque pour venir chercher le premier groupe qui part sans plus attendre. Encore dix minutes et ça sera notre tour, le temps de faire une distribution massive de boules quiès pour ma part. Nous revoilà repartis à travers le dédale de l'intérieur du Stade, entre les camion de merch et les véhicules de secours, on arrive en toute bordure de la pelouse, et on nous distribue panneaux, drapeaux et banderolles. Tout le monde échange les trucs jusqu'à ce que l'on soit tous satisfaits. C'est l'occasion de faire quelques photos avec tout notre attirail. D'ailleurs, il n'y a pas que nous pour prendre des photos, il y a aussi des photographes pros. Bref la tension monte d'un cran, parce que desormais on est prêt, et à quelques dizaines de mètres de la fosse. On entend la foule crier, on entend les chansons d'ambiance passer. C'est personnellement après le petit Green Day que je ne pouvais plus tenir en place. Beaucoup sautent sur place, ça commence à gueuler de tous les côtés dans notre petit groupe. On se met en mouvement, jusqu'à arriver vraiment en toute bordure du Stade. C'est là que j'ai pris conscience de l'immensité de tout ça. On voyait une partie de la scène et des gradins de là où on était, et ça m'a envoyé une décharge d'adrénaline monstrueuse, accompagnée des restes du Red Bull pris plus tôt. Je saute sur place et commence à gueuler, pressée qu'on me laisse enfin me décharger de toute cette énergie. Cet état d'énervement et d'excitation total me conduira même à chanter et sauter sur du Queen of the Stone Age, c'est vous dire. On y est, à quelques mètres de là, c'est la fosse, à quelques secondes de là, on va parader au milieu de pas moins de 80 000 spectateurs.

Et là c'est parti.

Comme un pur sang anglais qui voit les portes des starting blocks s'ouvrir le jour du Prix de l'Arc de Triomphe, je vois notre leader et les trois quatre personnes devant moi démarrer. Alors à partir de là tout est à la fois confus et très clair, c'est bizarre. Une fois passé le genre de "rideau" noir qui masque un peu l'entrée du couloir, on a pleine vu sur le stade et tout les gradins qui sont archi blindés. Je commence à sauter sur place, agiter le drapeau, et regarder autour de moi. Les fans agglutinés aux barrières sont, pour certains, aussi tarés que nous sur le moment, ce qui me fera d'ailleurs gueuler un truc totalement inaudible à la gueule d'un mec posé là qui en fera autant. Une fois encore, deux personnes qui ne se connaissent absolument pas et qui partagent un moment de folie commune comme ça, je trouve ça magique, bien que ça ne dure que quelques dixièmes de seconde. Tout est confus, je sais que je cours et que je saute avec le drapeau, mais ce que je vois, c'est une marrée de rouge et noir, je sens aussi mon sac qui tombe sous mon tish et le bandana qui glisse, mais peu importe. Nous voilà désormais au milieu de l'avancée, au milieu de la fosse, derrière les crash barrières, et devant les fans et au milieu des photographes et au milieu d'un Stade de France blindé et complètement électrisé.

Magique.

On continue de sauter dans tous les sens, à communiquer notre bonheur avec les gens aux barrières, et entre nous. Je me retourne vers Alex pour voir qu'il filme, et je gueule de plus belle, en sautant encore plus haut. Je me retourne ensuite pour voir que le groupe est sur scène et entame Uprising. Après ce qui semble à la fois une éternité et un centième de seconde, il est temps de revenir et déposer le matos. Je jette un dernier regard sur scène pour voir Christopher à quelques mètre au dessus de moi en costume blanc. De l'autre coté, il y a la fosse complètement folle et l'immensité des gradins. Puis plus rien, nous revoilà à l'intérieur du couloir de béton gris, à courir pour aller déposer les trucs avant de repartir en fosse. Les gens sautent et chantent, contents de ce qui vient de se passer. Je suis pas sûre de ce qui se passe pour ma part, encore sous le coup de l'émotion, et pas sûre de savoir si tout ce qui vient de se passer était réel ou non. Quoi qu'il en soit, nous voilà désormais en fosse avec Alex et Clem, entrain de nous frayer un chemin pour rejoindre le côté Ouest et un peu plus devant. On se pose finalement à en gros 6/7 rang de la barrière, en plein milieu. Le décors vu d'ici est vraiment impressionnant. La scène est un énorme triangle dont un sommet est en avancé vers la scène, avec des lumières géniales au plafond et des écrans sur les cotés. C'est pas clair je sais, vous irez voir les photos.

Au final, on ne ratera qu' Uprising, puisqu'on sera dans la fosse dès la fin de celle ci, prêt à profiter pleinement de la chanson qui suit, à savoir Supermassive Black Hole. Un peu déçue par la limite passivité de la fosse, je me dis que ça ira mieux un peu plus tard quand j'entends arriver les premières notes de Newborn. C'est étonnant de voir comme quelques notes posées sur un piano entrainent une vague de cris, de satisfaction et de "OH PUTAIN OUI!" à travers le Stade entier. C'est donc en choeur que tout le monde chante les premières lignes de Newborn avant de ne pas exploser sur la suite. Enfin comprenez moi bien, ça sautille gentiment en rythme, mais pas plus que ça. Je m'attendais à ce que, dans une telle fosse, ça bouge au point de ne plus savoir jusqu'à mon propre prénom, mais en fait non... L'avantage net est que, même à quatre rang de la barrière et en plein milieu, je n'étais absolument pas compressée, mais même si les gens chantent et sautent, ça manque de punch ici... Après Map of the Problematiqué arrive Butterflies & Hurricanes, au grand plaisir d'Alex et Clem qui se mettent à gueuler les paroles.

Quand vient Hysteria je m'attends à un regain de motivation de la part de mes camarades de fosse, mais apparemment non, toujours pas... La Queenesque United State Of Eurasia fera naître un champ de poing dressés en direction de la scène, mais rien de plus... En fait il faudra attendre I Belong To You pour que les gens chantent vraiment à fond, mais sans moi pour le coup... Parcontre quand Matthew entame Feeling Good, là oui je me mettrais à chanter, et même en avoir des frissons, malgré que je sois trempée de sueur. S'enchaineront trois titres du nouvel album qui seront pour moi sans saveur mais plutôt appréciés du public il me semble, à savoir MK Jam, Undisclosed Desires et, on fini sur un peu mieux, Resistance. Ironiquement, c'est après cette dernière qu'Alex et Clem décident de me quitter pour aller là où ça bouge un peu plus, il faut dire que là où on était, les vigils nous disaient de nous calmer quand on pogotait, et d'éteindre les briquets... Ironiquement oui, parce qu'après vint Starlight suivie de Time Is Running Out, qui rendront le public et moi même fous. J'ai oublié d'en parler parce que je ne sais plus exactement à quel moment c'était, mais le groupe est apparu sur une plateforme qui montait et avançait vers la fosse, nous donnant ainsi un point de vue absolument génial sur eux trois. Aussi, pendant Soldier's Poem (il me semble) Dom nous demandera de sortir nos téléphones et d'éclairer le Stade de France, je sors donc le portable, appelle Arthur au passage et me retourne pour voir tout un tas de ce qui semble être des petites lucioles partout dans le Stade. Dom résumera assez bien le tout en disant "Wow thank you guys, from where we stand, it looks amazing."

Ca s'enchaine ensuite avec Exogenesis, pour laquelle une soucoupe volante sortira d'un des côtés de la scène et viendra se planter au dessus de la partie Est de la Pelouse Or avant de révéler une danseuse accrochée en dessous, un peu comme une trapéziste. La donzelle régalera tout le monde avec des acrobaties pas trop acrobatiques mais sympa à regarder quand même. D'ailleurs le groupe aura aussi les yeux posés sur elle pendant une bonne partie de la chanson. Il est temps pour moi de quitter ma place et de rejoindre Alex et Clem sous des cieux plus cléments, et surtout plus actifs, un petit peu plus loin en arrière. En parlant d'activité, Stockholm Syndrome déclenchera un petit pogo sympathique, avant que Matthew ne revêtissent une superbe veste pleine de leds qui s'éclaireront de différentes couleurs pendant Take A Bow, le tout en étant une fois de plus sur la plateforme qui monte et qui avance.
Sympa.

Mais pas aussi sympa que le magnifique riff de Plug In Baby qui retentit dans le Stade et qui est aussi le signal pour moi d'une déconnexion de tous mes neurones restant et du début de sauts en l'air le plus haut possible tout en chantant le poing levé, et aussi de l'agression d'Alex en plein milieu de la chanson pour lui dire merci, merci, merci, merci. C'est plus fort que moi, ce riff me rend dingue, tout comme la chanson entière en fait. Déjà quasiment un an plus tôt quand j'avais eu la chance de les voir au Théâtre du Châtelet, cette chanson avait déclenché dans le théâtre un engouement, un mélange de folie totale et de déchainement de passion parmi tout ceux qui étaient présent, que ça soit en fosse ou en gradins. Je n'aurais pas le même sentiment de communion ultime ici au Stade de France, mais putain quand même, qu'est ce qu'elle est sacrément bonne à vivre en live cette saloperie de chanson!!

Après ce moment intense, il est temps de replacer correctement mon sac sur l'épaule et rechausser les Macbeth correctement, car deux notes d'harmonica arrivent, annonçant l'arrivée de la magnifique Knights of Cydonia, mais aussi malheureusement, la fin du concert. Je pense immédiatement à deux choses. La première, Adrien, qui est là quelque part dans le Stade à prendre totalement son pied parce que c'est sa chanson préférée, et ensuite Xavier, que j'appellerai durant toute la durée de la partie harmonica, avant de raccrocher et redevenir dingue au milieu d'un pogo aussi grand que ceux de la miroiterie, mais un pogo quand même où je me ferais totalement trimballer d'ailleurs. Les lumières se rallument, et on y voit comme en plein jour. C'est la fin du concert. Après deux heures et demie de folie, le Stade se vide relativement rapidement, les gradins sont déjà vides... Sur le chemin de la sortie, on croisera quelques personnes vêtues du tish des protesters, ce qui engendrera un sourire entendus sur chacun de nos visages. Un sourire qui dit "On y était, j'ai partagé ça avec toi, c'était énorme", mais sans aucun mot. Après une bière, des remerciements, des aurevoirs, il est temps de regagner un métro blindé des gens qui ont pour la grande majorité, un grand sourire en travers du visage eux aussi.